Inge… : “Et puis un jour, tu comprendras”

Ma très chère et tendre amie, tu vas enfin comprendre pourquoi après t'avoir rencontrée, je vis depuis un véritable enfer.

Dès que je t'ai vue en arrivant dans notre classe en septembre 1977, j'ai immédiatement "flashé" sur toi. Durant les longs mois qui ont suivi (et malgré tes aventures amoureuses avec d'autres), je n'ai jamais pu me débarrasser de ma profonde adoration pour toi (au contraire même !). Alors, moi qui n'avais jamais eu de "petite amie", qui priais Dieu tous les matins depuis le début de la saison scolaire pour que tu m'accordes, ne serait-ce qu'un peu d'attention dans la journée, et qu'après ma piètre déclaration, ce mémorable mercredi après-midi d'avril, tu m'annonçais que tu m'aimais, j'ai cru au miracle ! Oui, moi qui n'aurais jamais pu croire qu'un jour, je puisse te prendre dans mes bras, là tout de suite, maladroitement je t'embrassais ! Cet instant a été, pour moi, extraordinaire. Mon premier baiser avec celle qu'incognito, depuis des mois je dévorais des yeux le jour et désirais profondément la nuit... Je n'ai jamais connu un ravissement aussi intense. Jamais ! Oui Inge, ce jour-là, j'ai été véritablement transporté sur… "un petit nuage". J'ai ensuite véritablement savouré chaque journée passée en ta compagnie. C'était (et ce sera), de toute mon existence, mes plus belles, mes plus fortes et mes plus savoureuses émotions (sentimentales). J'ai cru avoir tirer le "gros lot"... tu sais ce "gros lot" que tous les jeunes gens rêvent intimement et secrètement d'obtenir, ce "grand amour" que tous souhaiteraient vivre un jour dans leur vie, et bien moi avec toi, je croyais l’avoir eu ! Et quand en plus, il y eu ce sublime weekend du 1er mai, quand tu m'as proposé de m'allonger à tes côtés, tu ne peux imaginer d'abord ma surprise, puis l'immense bonheur pour ce que je croyais être la plus belle et la plus incroyable preuve d'Amour. Bien sûr, nous avons eu par la suite quelques petits conflits, des désaccords sûrement, et de ma part certainement des maladresses. Mais, jamais je n'aurais cru à ce si violent retournement de ta part. Comment après ce qu'on avait vécu ensemble pouvais tu me rejeter ainsi, de cette ignoble façon ? Pourquoi, pour ma toute première aventure, après avoir vécu cet incroyable et euphorique "bouleversement" dans mon cœur (et le bas ventre), après avoir goûté à mon premier baiser avec toi, après avoir obtenu tes "premières faveurs", et partagé cote à cote mes plus torrides semaines ensemble, et ce qui finalement sera ma plus belle histoire d'amour, pourquoi fallait-il que sournoisement, tu m'éjectes ainsi (brusquement et sans explication) ? N'avais-tu donc toi, jamais rien ressenti avec moi ? Me suis-je toujours trompé sur tes sentiments à mon encontre ? En tous cas, tu ne peux te rendre compte du terrible choc que j'ai enduré ! A quel point cette véritable désillusion à détruit à vie mon âme. Et puis après, ce vide, cette disparition pour toujours, devenant totalement silencieuse et hermétique, me faisant vivre en plus, pendant 46 années cet atroce supplice d'être sans cesse obsédé par ton souvenir ? J'ai longtemps cherché la raison de ton incompréhensible comportement, et puis en 2020 (seulement) j'ai eu la triste révélation de ton inconcevable tromperie ! Alors, il faut que tu saches maintenant, que (sans doute) pendant que toi, tu prenais secrètement ton plaisir dans les bras d'un autre, moi je me morfondais à chaudes larmes dans une complète incompréhension, seul avec cette insupportable douleur dans la poitrine. Quand toi plus tard, tu es partie (sans doute) discrètement avec lui, j'hésitais moi, au même moment entre "la corde et les médocs"...Oui, mon amie...Je ressassais en boucles cette maudite rengaine qui me trottait inlassablement dans la tête :

"J'aimerais partir et ne plus me souvenir. Je voudrais périr et ne plus souffrir. Sans toi, Inge, je ne peux plus vivre."

Alors tu vois Inge, cette très sale trahison que tout amoureux dans le monde, redoute au plus profond de soi, moi avec toi, je l'ai eue !  Et je ne m'en suis jamais remis ! jamais ! Tu peux d'ailleurs constater l'importance de ce traumatisme puisque j'en souffre toujours autant aujourd'hui (d'ailleurs avec ce texte, tu en as la preuve formelle). Toute ma vie, j'ai porté cette tragédie avec moi, toute ma vie je t'en ai voulu, et toute ma vie je t'ai quand même espérée. Si tu savais combien à l'époque j'aurais voulu faire mieux, tout faire pour te plaire, pouvoir être ton élu pour ne jamais te perdre ! Oui, je m'en veux tellement, tellement...
Les années ont passé, tu m'as effacé, moi je ne t'ai jamais oubliée ! Et même encore maintenant, tu restes la personne qui m'a le plus marqué, qui est restée à mes yeux et dans mon coeur... la plus importante. Malgré ma douleur, ma peine et ma tristesse toutes ces années, ce sont ces journées avec toi qui restent les plus belles et les plus extraordinaires de toutes. Certes, je garde toujours en moi, le déchirement de ton abandon, l'immense peine de notre dramatique fin, mais je conserve surtout... surtout là, tout au fond de moi, le même attachement que j'ai toujours eu pour toi... oui Inge, j'ai toujours ce même amour depuis 46 ans... cet amour que toi, malheureusement tu n'as jamais voulu !! Alors Inge, effectivement, je n'ai jamais eu le "gros lot" tant désiré. Non, je n'ai obtenu que ton méchant "lot de consolation" qui me hante depuis ta rencontre : ces beaux et merveilleux souvenirs gravés à jamais dans ma mémoire par la plus radieuse et la plus vilaine jeune fille de ce printemps 1978 au collège Cévenol...

Très chère Inge, le temps passe tellement vite, nos 18 ans sont bien loin, et je doute maintenant que tu acceptes un jour d'entendre tout cela face à face, mais avec ce texte, si (miraculeusement) tu le lis un jour, je te remets à la fois la confession de mes plus intimes secrets, toutes mes désillusions et tous mes regrets qui m'ont accompagnés du collège à aujourd'hui. Considère cela comme ma dernière offrande que je dépose à tes pieds. C'est l'ultime témoignage de ma vénération pour toi face à ton mépris. C'est là un très lourd fardeau que j'ai dû porter douloureusement seul sur mes épaules (et dans ma tête) à travers un pénible chemin de croix hérissé de ton souvenir et de ton indifférence depuis ta très lamentable séparation. C'est comme ça, j'ai eu la grande chance de t'aimer le temps d'un printemps et la pire malchance de te perdre définitivement le restant de ma vie...

 Voilà ce que tu devais absolument savoir, voilà ce que tu devais absolument comprendre. 

 Très chaleureusement, ton plus fidèle et très anonyme amoureux

24/11/2023